Passion hivernale | Clarence Gagnon (2 de 3)
La collection d’œuvres d’art de l’homme d’affaires et philanthrope Pierre Lassonde, présentée dans l'exposition Passion privée, est le fruit de l’exercice de l’œil averti du collectionneur, qui avance patiemment, ne voulant acquérir que ce qu’il y a de mieux. S’en dégage également un amour pour le paysage, et plus particulièrement pour les scènes d’hiver, cette saison qui définit véritablement le Québec.
Nous souhaitions aborder ce sujet du paysage hivernal dans une série de billets de blogue décrivant près d'une vingtaine d'œuvres présentées en salle d’exposition.
Pour cet article, Sarah Mainguy, détentrice d'une maîtrise en histoire de l'art de l'UQAM, décrit La Carriole rouge, œuvre de Clarence Gagnon.
Clarence Gagnon, La Carriole rouge, 1924 ou 1925. Huile sur toile, 51,4 x 66 cm. Collection Pierre Lassonde. |
Notre regard est guidé par le chemin sinueux qui part de l’avant-plan et nous mène d’abord jusqu’aux maisons à droite, bifurquant ensuite vers la gauche et pointant le village au loin. Notre œil suit la ligne serpentine des glaces sur le fleuve, rejoignant finalement les montagnes et l’horizon. Contrairement à ce qu’il a fait dans La Clairière, Clarence Gagnon n’oppose pas ici les plans d’ombre et de lumière. Il jette plutôt sur la scène un éclairage diffus qui oblitère les ombres. Combiné au traitement presque en aplat des couleurs, cela réduit l’impression de profondeur et tend à rabattre la composition dans le plan. Cet effet de rabattement est encore plus manifeste dans la pochade qui a servi de modèle pour cette toile. La vue y est beaucoup plus resserrée, car presque tous les mêmes éléments se retrouvent cette fois peints sur un support plus étroit. La Carriole rouge et sa pochade témoignent ainsi de l’évolution du style de Gagnon qui, à partir de la fin des années 1920, tendra de plus en plus à s’affirmer dans le plan en assumant davantage son caractère ornemental.
1 Commentaire
Mon regard plonge vers la baie et s'arrête sur les collines. Cela me donne l'illusion que c'est moi qui descend dans la carriole rouge.
Mario Bellavance