Une nouvelle salle en art contemporain

À voir par Bernard Lamarche | Conservateur de l’art contemporain (1960 à ce jour)
12 novembre 2024

Depuis quelques jours, les salles de la collection permanente en art contemporain ont un nouveau visage, au gré d’une récente rotation des œuvres. La salle dédiée à la photographie et à la vidéo a complètement été revampée. Le temps des travaux du Pavillon Riopelle, un nouvel accrochage habille la salle, avec une thématique portant sur le territoire.

Les œuvres permettent de prendre conscience de la manière dont des artistes se révèlent être des observateurs du paysage habité. Quelques-unes font référence aux forces de la nature qui nous dépassent; d’autres encore partagent l’expression de cultures diverses dans leur rapport à la nature, tissent des liens avec la géopolitique ou une certaine spiritualité.

Plusieurs artistes de la région de Québec se retrouvent en salle. En photographie, Reno Salvail (1947-2023), sur qui le centre Vu, à Québec, vient de lancer une somptueuse publication, se campe dans un paysage immense. Il est accompagné de Jocelyne Alloucherie et de Paryse Martin, malheureusement disparue cette année, dont on a ressorti l’éblouissant miroir magique.

Les œuvres de ces artistes côtoient d’autres nouvellement acquises ou en cours d’acquisition, à voir en primeur! Joseph Tisiga, membre de la Nation Kaska Dena, revisite le territoire avec humour et profondeur, ayant recours à du gazon synthétique. Moridja Kitenge Banza, entre abstraction et figuration, propose en peinture une réflexion géopolitique mordante. Robert Holland Murray (1939-2017), avec un masque qui renvoie à son identité afro-américaine et africaine, pointe vers le peuple songye du Congo. Dans le voyage onirique qu’est le film de Meryl McMasterniwaniskān isi kiya | I Awake To You (2023), en cours d’acquisition, la vie des arbres est comme celle des ancêtres cris des plaines de l’artiste, faite de survie, de résilience et d’autodétermination.

Anne Ashton nous place devant un phénomène naturel à la fois fascinant et périlleux, de plus en plus fréquent, une tornade peinte majestueusement. Le parcours est complété par des œuvres de Nicolas Baier, de Michael Patten, tous deux avec des visions singulières du paysage, et de Richard Ibghy & Marilou Lemmens. Ces derniers revisitent l’affaire Louis Robert par des sculptures minimalistes, faisant passer le vocabulaire scientifique du côté des arts visuels.

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Le corps n’est jamais très loin dans la sélection qui vous est proposée, qu’il soit suggéré ou figuré. Ces artistes ont parcouru ces paysages et en ont mesuré les données, soulevant ainsi des enjeux esthétiques, politiques et citoyens à travers leurs œuvres. Certaines œuvres mettent directement en scène la question du regard. Les visiteurs habitués de cette salle retrouveront le gros œil de Rafael Lozano-Hemmer qui les suit dans leur déplacement, entre culture de surveillance et curiosité.

Le tableau vivant, en vidéo, du fameux tableau de Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse (1818-1819), réalisé en vidéo par Adad Hannah en 2009 avec des membres de la communauté de 100 Miles House, située dans le centre de la Colombie-Britannique, est aussi toujours en salle.

Nos visiteurs qui aiment l’œuvre collaborative de Nadia Myre, Scar project, pour laquelle l’artiste a demandé à des dizaines de participants de partager leurs blessures sur de petits tableaux, seront ravis de savoir qu’une rotation complète de l’œuvre a été réalisée. Près de 50 témoignages encore jamais montrés au Musée sont désormais au mur.

À voir!

 

Oeuvre : Reno Salvail, Paysages de l'île du fond de l'âme ou L'Odyssée de la mémoire (1993) © Reno Salvail

Photo: David Cannon, MNBAQ

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