Laurence Hervieux-Gosselin, lauréate 2021 du prix Lynne-Cohen

Nouvelles par MNBAQ
23 novembre 2021

De gauche à droite : Emilie L.Cayer, présidente-directrice générale de la Fondation du MNBAQ, Andrew Lugg, de la succession Lynne Cohen, Laurence Hervieux-Gosselin, lauréate et Annie Gauthier, directrice des expositions et des relations internationales au MNBAQ

La Succession Lynne Cohen, en collaboration avec le Musée national des beaux-arts du Québec et sa Fondation, est fière de décerner le prix Lynne-Cohen à Laurence Hervieux Gosselin.

Remis tous les deux ans, ce prix vise à soutenir la pratique d’artistes professionnels québécois de la relève en arts visuels, qui accorde une place centrale à la photographie dans leur pratique. La lauréate 2021 recevra une bourse de 10 000 $.

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Le jury du prix Lynne-Cohen 2021

L’étude des candidatures a été faite sur la base de propositions soumises par un jury réuni par Eve-Lyne Beaudry, conservatrice de l’art contemporain au MNBAQ, et composé d’Emeren Garcia, historienne de l’art et anciennement responsable des expositions itinérantes au Musée d’art contemporain de Montréal, de Nuria Carton de Grammont, Ph.D., directrice et conservatrice de la Galerie d’art contemporain SBC, de Maxime Coulombe, sociologue, historien de l’art et professeur titulaire en histoire et théories des arts actuels à l'Université Laval, et de Charles Guilbert, artiste, critique d’art et professeur au Cégep du Vieux Montréal.

Les membres du jury ont été impressionnés par le talent de Laurence Hervieux-Gosselin. « Dire pourquoi l’œuvre photographique de Laurence Hervieux-Gosselin est hautement méritoire demeure un défi, justement parce qu’il se passe dans ses images quelque chose qui est de l’ordre de la sensation, du mystère, du non-dit. N’est-ce pas ce à quoi aspire un artiste : dépasser le langage? », de dire Charles Guilbert, l’un des jurés.

Laurence Hervieux-Gosselin, ou brouiller les frontières du réel et de la fiction

Née en 1991, Laurence Hervieux-Gosselin est une artiste et une photographe basée à Montréal. Par son approche narrative de la photographie, elle tend à faire réfléchir à l’influence du storytelling sur notre perception du monde. À travers des séries photographiques, elle tisse des liens entre des histoires disparates, examine des mythes modernes, des récits populaires ou encore sa propre histoire qu’elle refaçonne en récits complexes ouvrant sur l’imaginaire.

Elle cherche à interroger nos instincts narratifs, comme notre propension à emprunter inconsciemment des conventions narratives à des histoires familières, afin de donner un certain sens à la vie, pour inviter de nouvelles interprétations du réel.

Une atmosphère mystérieuse se dégage des paysages, des intérieurs et des portraits de Laurence Hervieux-Gosselin, qui composent ses séries d’images principalement photographiées sur pellicule 120. Certaines de ses œuvres sont issues d’enquêtes et de découvertes sur le terrain alors que d’autres sont le fruit de mises en scène. Enfin, la limite entre les deux est intentionnellement brouillée pour révéler un monde parallèle à la fois étrange et familier.

Parmi les séries remarquables créées par l’artiste, il faut mentionner Cité de Marie, qui superpose des notions diverses – la religion, le capitalisme et le besoin de sécurité – révélant tout le pouvoir narratif d’une photographie et sa capacité à créer du suspense. La lumière comme origine de la fiction est au cœur de la série Double feature, où s’alternent les images d’un cinéma aux couleurs vives et les images quasi psychédéliques de champignons photographiés de nuit dans des éclairages colorés. Enfin, Silver Has No Shine For Magpies poursuit également une réflexion sur le pouvoir du cinéma, notamment sur la mythification des mafieux par Hollywood, où l’humour ramène, de façon tordue, à cette violence qui colonise nos imaginaires.

Lynne Cohen, aussi impressionnante qu’inspirante

Lynne Cohen est sans conteste l’une des photographes contemporaines les plus respectées sur la scène canadienne, et dont la renommée s’étend jusqu’aux États-Unis et en Europe. 

Tout au long de sa foisonnante carrière, Lynne Cohen s'est consacrée à la photographie d’espaces intérieurs, qu’elle captait tels qu’ils se présentaient, sans intervention ni mise en scène. La singularité de son travail résidait dans le choix de ces espaces généralement dépourvus de présence humaine et habituellement soustraits aux regards. Salles de classe, laboratoires scientifiques, établissements thermaux, installations militaires, autant d’environnements complexes et difficiles d’accès, qu’elle rendait visibles pour prendre la mesure de leur étrangeté.

Lynne Cohen a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives dans le monde entier. D’importantes rétrospectives ont d’ailleurs analysé son parcours artistique dans le détail, notons celle qu’a organisée le Musée des beaux-arts du Canada en 2001, qui a circulé au pays et en France; ainsi que celle produite par la Fundación MAPFRE à Madrid, en 2014, présentée à Cordoue et à Bilbao.

Son œuvre fait partie de près de 50 collections publiques, dont celles du Musée des beaux-arts du Canada, de l’Australian Art Gallery, de la Bibliothèque nationale de France, de l’Art Institute of Chicago, du Metropolitan Museum à New York, de l’Art Gallery of Ontario et du Musée national des beaux-arts du Québec.

Elle a reçu plusieurs distinctions au cours de sa prolifique carrière, parmi lesquelles : le prix du Gouverneur général du Canada, la plus haute reconnaissance accordée pour l’excellence en arts visuels et en arts médiatiques, et le premier Scotiabank Photography Award, soulignant son apport exceptionnel, tant pour l’avancement que pour le rayonnement de sa discipline.

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