Le MNBAQ salue la mémoire de Raymond Brousseau
Le MNBAQ a appris avec tristesse le décès du grand donateur Raymond Brousseau, artiste et collectionneur passionné. Décédé le 4 juillet 2021 à l’âge de 83 ans, M. Brousseau aura bâti, en un demi-siècle, une collection d’art inuit exceptionnelle et unique au monde comptant 2 635 œuvres et objets.
« C’est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès de Raymond Brousseau, collectionneur et philanthrope. Sa générosité, qui s’est affirmée via des dons importants d’œuvres, particulièrement d’art inuit, a fait grandir notre Musée de manière incroyable. Connaisseur et visionnaire, il souhaitait ainsi partager avec tous et toutes, sa passion pour l’art. L’exposition permanente Art inuit. La collection Brousseau. Ilippunga, qui présente l’incroyable collection Brousseau d’art inuit, témoigne de son legs immense à la société québécoise. En ce moment difficile, nos pensées sont pour Lyse, conjointe et complice de M. Brousseau des 63 dernières années, ainsi que pour la famille, les proches et les amis de cet homme remarquable », de dire Jean‑Luc Murray, directeur général du MNBAQ.
Chevalier de l’Ordre National du Mérite de la République française en 2005, ainsi que chevalier de l’Ordre national du Québec en 2008, M. Brousseau était également membre des Grands Québécois 2011. De plus, il a œuvré à titre de membre du conseil d’administration de la Fondation du MNBAQ durant les années précédant la construction du pavillon Pierre Lassonde.
Le MNBAQ a joui d’une relation privilégiée avec Raymond Brousseau pendant plusieurs années. « Au cours des 15 dernières années, les contacts répétés auprès de Raymond Brousseau auront été des plus stimulants pour la connaissance et le développement de l’art inuit au Musée, se souvient Daniel Drouin, conservateur de l’art ancien et responsable de la collection d’art inuit de 2005 à 2020 au MNBAQ. La joie que lui procuraient les centaines de pièces de sa collection s’est multipliée à la faveur des milliers de visiteurs qui se pressent dans la salle permanente d’art inuit. »
Sa collection, l’une des plus prestigieuses au monde, a trouvé son écrin dans l’exposition Art inuit. La collection Brousseau. Ilippunga où sont exposées quelques-unes des pièces les plus exceptionnelles. Parmi celles‑ci, nous retrouvons La Maternité et Hommage aux animaux, deux sculptures majeures de Manasie Akpaliapik qui enchantent les visiteurs.
« Mon épouse Annie et moi tenons à transmettre nos plus sincères condoléances à Lyse et Jean-François Brousseau. Le décès d'un grand homme, mari et père, un gentleman et un érudit. Raymond Brousseau m'a ouvert les yeux et m'a fait réaliser que je pouvais faire carrière en tant que sculpteur inuit. Il avait une véritable appréciation de mon art et je lui en serai toujours reconnaissant. Il restera à jamais une source d'inspiration pour moi. »
- Manasie et Annie Akpaliapik
En 2018, Le MNBAQ, en collaboration avec la maison d’éditions Varia, a publié le livre Raymond Brousseau et l’art inuit. Le parcours singulier d’un artiste collectionneur, un récit biographique de l’auteur John R. Porter, retraçant le parcours exceptionnel de Raymond Brousseau, collectionneur passionné et inclassable.
« Raymond Brousseau aura été un collectionneur passionné et passionnant, s’intéressant aussi bien à l’art africain qu’à l’art inuit, à l’art populaire québécois qu’aux œuvres d’un Jean Paul Riopelle, souligne John R. Porter, directeur général du MNBAQ de 1993 à 2008 et ami de Raymond Brousseau. Je me considère privilégié de l’avoir eu pour ami fidèle depuis ma collaboration à son moyen métrage sur la peintre et collectionneur Joseph Légaré en 1978. »
Raymond Brousseau, un homme au destin hors du commun
Raymond Brousseau est né à Montréal en 1938 dans un milieu modeste. Il a multiplié les expériences et les coups d’audace pour trouver sa voie. Il a été entre autres professeur de mathématiques, peintre, projectionniste lors de performances, cinéaste à l’ONF, sculpteur, antiquaire et multigaleriste. En tant que collectionneur, il se révèle aussi insatiable qu’imprévisible, voire téméraire, constituant d’impressionnants ensembles d’appelants, de traîneaux d’enfant, d’estampes contemporaines et de pièces d’art africain.
Au fil de son parcours, il a aussi été amené à côtoyer une brochette de personnages aussi contrastés que l’écrivain Pierre Vallières, la chorégraphe Jeanne Renaud, la fondatrice de la Société de musique contemporaine du Québec, Maryvonne Kendergi, l’indéfinissable Raôul Duguay, le galeriste parisien Claude Vérité, le comédien Philippe Noiret et le président français Jacques Chirac.
Depuis sa première acquisition en 1956, la passion de Raymond Brousseau est demeurée aussi vive à l’égard des œuvres de ceux qu’il appelle affectueusement ses « cousins du Nord ». Mais son inquiétude grandit aujourd’hui quant à l’avenir du monde des Inuits en raison du réchauffement climatique qui accélère la fonte de la banquise. Dans ce contexte, l’espace lumineux qui abrite son legs dans la partie septentrionale du pavillon Pierre Lassonde du Musée constitue une sorte d’appel à la sauvegarde et à la transmission d’un héritage aussi mystérieux qu’attachant, un héritage qui transcende les frontières du temps et de l’espace.
L’exposition Manasie Akpaliapik. Univers inuit. La collection Raymond Brousseau
L’art inuit fascine, interpelle. Grâce à Raymond Brousseau, la richesse de cette culture millénaire est célébrée d’une façon toute spéciale au MNBAQ depuis le 18 juin 2021, à travers l’œuvre d’un des plus grands sculpteurs inuits de sa génération, Manasie Akpaliapik. L’exposition Manasie Akpaliapik. Univers inuit. La collection Raymond Brousseau permet aux visiteurs de faire un voyage inédit et passionnant en territoire nordique.
L’exposition Art inuit. La collection Brousseau. Ilippunga
Depuis l’ouverture du pavillon Pierre Lassonde, l’exposition Art inuit. La collection Brousseau. Ilippunga, présente une centaine d’œuvres choisies à même la riche collection d’art inuit du MNBAQ, la quatrième en importance au Canada et qui a été constituée en 2005 grâce à un don de Raymond Brousseau et à la contribution financière d’Hydro-Québec.
Raymond Brousseau, le collectionneur
Raymond Brousseau avait tout juste 18 ans quand il a acquis en 1956 sa première sculpture l’Esprit de l’iglou, qui allait déclencher sa passion pour les modes d’expression artistiques du Nord. La collection d’art inuit Brousseau du MNBAQ est maintenant l’une des plus riches au pays en sculptures inuites. Elle compte plus de 2 100 pièces conçues par des dizaines d’artistes du Nord canadien depuis l’époque du Thulé (de l’an 500 à l’an 1000) et du Dorset (de l’an -500, avant notre ère, à l’an 1350).
Raymond Brousseau a été l’un des premiers collectionneurs d’art inuit au Québec et son engouement est à l’origine d’un mouvement durable de promotion et de reconnaissance de l’art inuit au Canada et à l’étranger.
1 Commentaire
mes condoléances à la famille. aux bons souvenirs de Lyse et Raymond
Boivin