Point tournant dans la production de Mathieu Beauséjour, le cycle Icarus prend naissance en 2009. Cet ensemble ambitieux comprend des installations, des dessins, des estampes numériques ainsi que Aura, une installation sonore. Ces œuvres cherchent à nous placer dans la peau d’Icare s’approchant du soleil. Elles tranchent avec les représentations classiques du mythe icarien. L’astre est convoqué en tant que symbole hypnotique du pouvoir irradiant. Ainsi envisagé, il manifeste sa toute-puissance envoûtante et le magnétisme qui a eu raison d’Icare.
Aura consiste en un gong chinois en cuivre martelé, tel un disque solaire, muni d’un haut-parleur ne diffusant que de très basses fréquences. Il s’agit des lentes pulsations du cœur de l’artiste. Autoportrait sonore, cette œuvre propage une onde habitant l’espace de sa présence dramatique. Elle souligne l’angoisse ressentie face à l’approche du feu. L’atmosphère vibre du son de cette attente, alors que l’étoile continue de luire.
En 2012, le Musée national des beaux-arts du Québec procédait à l’acquisition de certaines œuvres marquantes de ce cycle d’envergure, toujours en développement.
MATHIEU BEAUSÉJOUR
Né à Montréal en 1970, Mathieu Beauséjour figure parmi les artistes de sa génération qui poursuivent une réflexion critique fondamentale sur les systèmes du pouvoir politique, social et culturel. Depuis plus d’une quinzaine d’années, Beauséjour a réalisé plus de 20 expositions individuelles personnelles au Canada, en France et en Grande-Bretagne et a participé à un grand nombre d’expositions collectives dans divers lieux au Canada, en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Colombie et en Serbie. L’artiste s’est d’abord fait connaître au cours des années 1990 pour son travail d’intervention sur les billets de banque. Il propose également des œuvres dans lesquelles il s’échine, notamment, à répéter des formules écrites au crayon, comme dans Memes Memes (1998-1999, Coll. MNBAQ), qui évoque un slogan situationniste de Mai 68, « Ne travaillez jamais ». Boursier à de nombreuses reprises, il est l’un des finalistes du Sobey’s Art Award en 2008 et remporte, en 2010, le prix Giverny Capitale, à Montréal. En 2011, il est sélectionné dans la seconde édition de la Triennale québécoise d’art contemporain, du Musée d’art contemporain de Montréal.
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