Jusqu’à tout récemment, la collection du MNBAQ ne comptait que 21 œuvres de Paul-Émile Borduas. Grâce au grand mécène et collectionneur Michael J. Audain et à sa femme Yoshiko Karasawa, ce sont aujourd’hui huit tableaux remarquables de Borduas qui s’ajoutent à la collection nationale dans le cadre d’une donation historique. Ces œuvres ont une valeur artistique inestimable.
L’exposition Les Énergies latentes. Paul-Émile Borduas au présent s’articule autour de cette donation exceptionnelle, mais elle présente également des acquisitions récentes de la collection du MNBAQ, un corpus composé d'œuvres de Nadia Myre, Michaëlle Sergile, Michel Campeau, Alain Paiement, Jean Paul Riopelle et Dominique Blain. Ces artistes ont ancré leurs recherches esthétiques dans un territoire et une géographie qui recèlent des forces incomparables, autant que dans les liens identitaires et affectifs qui façonnent l’humain et son expérience au monde.
La production de Borduas, qui continue de nous questionner sur la diversité
et la complexité de l'expérience humaine, est mise en dialogue avec celle d’artistes actuels, liés par un même engagement dans la création.
Ces croisements audacieux, tant sur les plans esthétiques et symboliques que politiques, créent une expérience forte pour le visiteur. Un condensé d'énergies créatrices vives, à découvrir, mais plus encore, à ressentir en salle.
Le titre Les Énergies latentes fait référence aux énergies qui existent sans être apparentes, aux changements d’état de la matière et aux polarités multiples qui s’expriment dans la création et la pensée de Paul-Émile Borduas. Les Énergies latentes couvent tour à tour dans la matière, le corps et l’esprit, entre le Soi et l’Autre, dans la lumière et dans l’obscurité, le temps et l’espace, le public et l’intime, le trauma et la résilience, autant de polarités qui témoignent de la complexité de la nature humaine.
BORDUAS, UN ARTISTE ENGAGÉ
Le texte « Refus global » de Borduas est un manifeste au ton à la fois lyrique et virulent qui dénonce l’état d’ignorance dans lequel les élites religieuses et politiques maintiennent la population. Il souhaite libérer le peuple et l’art d’un carcan idéologique hérité de la colonisation et de l’histoire politique et religieuse du Québec. Il paraît le 9 août 1948 dans un recueil éponyme signé par de nombreux et nombreuses artistes, ainsi qu'un psychiatre. La parution du manifeste aura notamment pour conséquence le renvoi de Borduas de l'École du meuble, où il enseignait le dessin, l'automne suivant.
Paul-Émile Borduas, Figures schématiques, 1956 (2021.184) Collection de Michael Audain et Yoshiko Karasawa © Succession Paul-Émile Borduas / SOCAN (2021)
Janine Niepce pour l’ONF, Borduas dans son atelier, 15, rue Rousselet, Paris, 1959. Épreuve à la gélatine argentique. Collection Musée national des beaux-arts du Québec
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