Cap sur le Japon, fascinant pays du Soleil levant!
Organisée par le Museum of Fine Arts Boston, cette exposition explore cette rencontre fructueuse entre l’Orient et l’Occident, entre la fin du 19e siècle et la fin de la Belle Époque, en présentant des estampes ukiyo-e ou « images du monde flottant » ainsi que des pièces d’art décoratif japonais, en dialogue avec des tableaux, des estampes et des objets raffinés produits en Europe et aux États-Unis par des artistes de renom.
Les quelque 130 œuvres de l’exposition – mettant en valeur une centaine d’artistes japonais, américains et européens – Vincent Van Gogh, Claude Monet, Henri de Toulouse-Lautrec, Henri Matisse, Edgard Degas, Édouard Vuillard, Edvard Munch, Paul Gauguin, Mary Stevenson Cassatt, Louis C. Tiffany, William H. Bradley, etc. – proviennent de la collection du musée bostonnais qui possède l’une des plus riches collections d’art japonais, américain et européen de cette époque, l’une des plus réputées au monde.
Naissance d’un courant artistique majeur
Du milieu du 19e siècle jusqu’au début du 20e siècle, soit depuis l’ouverture du Japon au commerce avec l’Occident en 1858, l’engouement de ce dernier pour tout ce qui provenait du Japon a entraîné un renouveau radical de l’art. En 1872, un critique d’art et collectionneur français, Philippe Burty, ira jusqu’à inventer le mot « japonisme » pour décrire la fascination de ses contemporains.
Certains des plus grands artistes américains et européens se sont alors inspirés de la culture et de l’art japonais pour créer des œuvres d’une singulière beauté. L’imaginaire occidental fut particulièrement stimulé par les estampes japonaises appelées ukiyo-e, des œuvres graphiques mettant la lumière sur le caractère éphémère de la vie. Les thèmes de ces images proposent, entre autres, les fêtes annuelles célébrant l’épanouissement des fleurs, les séduisantes geishas dansant vêtues d’élégants kimonos, les acteurs de théâtre kabuki en représentation et le majestueux mont Fuji.
Exploitant des angles de vue inhabituels et des compositions asymétriques combinées à des motifs décoratifs et à une fine coloration, les ukiyo-e furent une révélation pour les artistes occidentaux formés à représenter le monde environnant selon une seule perspective.
Chefs-d'œuvre aux influences japonaises
Après une introduction soulignant l’attrait de l’Occident pour le Japon, l’exposition est construite autour de quatre thèmes : Les Femmes, Vie urbaine, Nature et arts décoratifs et Paysages.
Elle met en lumière diverses voies empruntées par les artistes américains et européens à la découverte de la culture et de l’art japonais, ce dont témoignent quatre des œuvres majeures de Claude Monet (1840–1926) dont le splendide Bassin aux Nymphéas, 1900. Monet, qui en fit le sujet d’une série de toiles, sortes de méditations zen sur la nature et sur l’Homme, s’il en fût jamais dans l’histoire de l’art occidental.
Une autre œuvre remarquable est une scène de paysannes bretonnes, qui atteste de l’intérêt de Paul Gauguin (1848–1903) pour l’estampe japonaise : Paysage aux deux Bretonnes, 1889. Dans l’œuvre admirable de Vincent Van Gogh (1853–1890), Le Postier Joseph Roulin, 1888, les couleurs vives et les formes stylisées des estampes japonaises sont immédiatement reconnaissables, lui qui collectionna et copia des estampes ukiyo-e et organisa même une exposition sur le sujet. Songe d’une nuit d’été (La Voix), 1893, d’Edvard Munch (1863–1944), un artiste norvégien, dont le travail est présenté au Québec pour la toute première fois, permet d’observer le motif des longs fûts alignés de sa peinture certainement repiqué dans les œuvres japonaises exposées à Paris, ou encore emprunté aux artistes de l’avant-garde qui avaient déjà intégré ces enseignements à leurs œuvres.
Le Musée est également fier de présenter de rares estampes du Japonais Katsushika Hokusai (1760–1849), notamment Senju dans la province de Musashi, de la célèbre série Trente-six vues du mont Fuji (vers 1830–1831, période Edo), une composition habile, la toute première grande série de paysages.
Parmi les nombreux artistes décorateurs, comme Louis Comfort Tiffany et les potiers du Newcomb College, aux États-Unis, qui s’approprièrent les formes japonaises et les motifs caractéristiques de la faune et de la flore, tels les chrysanthèmes et les papillons, Nature morte aux azalées et fleurs de pommiers (1878) de l’Américain Charles Caryl Coleman (1840–1928) inspirée de sa collection d’art décoratif – vaste et éclectique – en est un exemple éloquent. Cette dernière, destinée à une demeure privée, s’harmonisait avec le cadre ainsi que les motifs des objets d’art l’entourant. Le mouvement esthétique des années 1870 et 1880 embrassa la philosophie de l’art pour l’art, qui valorisait l’intégration des beaux-arts et des arts décoratifs dans des intérieurs habilement conçus, que l’on croyait caractéristiques de la maison japonaise.
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